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Le Curtiss Hawk H.75 utilisé par l'armée de l'air française en 1939-1940, est la désignation Française du P 36 construit aux États-Unis .
Conception
Le Curtiss H.75 est un chasseur monoplan monomoteur à ailes basses et
cockpit fermé.
Engagements
Le Curtiss H.75 a été utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale par plusieurs pays, notamment par l'Armée de l'air française qui en aligna le plus grand nombre.
Le 8 septembre 1939, le Groupe de Chasse II/4, équipé de cet appareil, abattit deux Messerschmitt BF109, signant ainsi la première victoire aérienne alliée de la Seconde Guerre mondiale.
En 1940, les groupes de chasse III/2, I/4, II/4, I/5 et II/5, équipés de Hawk, revendiquèrent deux cent trente victoires et quatre-vingts « probables » pour la perte de vingt-neuf appareils. Même si ces prétentions semblent très optimistes, le bilan semble très favorable en faveur du Curtiss.
Moins bien armé que le Messerschmitt BF109, les Hawk étaient plus manoeuvrant et plus résistants aux dégâts. De plus, ils bénéficiaient d'une vitesse de piqué appréciable de sept cents kilomètres à l'heure leur permettant de se tirer de mauvaises situations.
Edmond Marin la Meslée, alors lieutenant, totalisa vingt victoires – seize homologuées et quatre probables – aux commandes d'un Hawk, remportées pour la plupart en mai et juin 1940, devenant de ce fait l'as le plus titré de la campagne de France. C'est lui que l'on aperçoit sur la photographie ci-contre. Cette photo a toutefois été prise après l'armistice, comme en témoigne la bande blanche de « neutralisation du camouflage » peinte le long du fuselage à la demande des Allemands.
Variantes
H75A-1
En février
1938, le gouvernement français entra en négociations avec le constructeur américain Curtiss pour la fourniture de trois cents Curtiss H.75 type A. C'était une version conçue pour l'exportation du P-36 proposé avec un moteur Pratt & Whitney Twin Wasp ou un Wright Cyclone.
Cependant, le prix demandé par Curtiss parut exorbitant (environ le double d'un Morane-Saulnier MS.406). De plus, le planning de livraison proposé d'une vingtaine d'avions au mois de mars 1939 puis de trente appareils par mois fut considéré comme inacceptable. Enfin, l'USAAC, craignant que la commande française fasse baisser le rythme de ses propres livraisons, s'opposa au marché.
Malgré tout, le réarmement rapide de l'Allemagne conduisit le gouvernement français à poursuivre ses négociations. Grâce à l'intervention du président Roosevelt, le pilote français Michel Detroyat fut autorisé à faire un vol d'essai sur le Y1P-36 à Wright Field en mars 1938. Son rapport fut extrêmement enthousiaste. Curtiss suggéra alors pour améliorer les délais de livraison que le gouvernement français finance la construction et l'équipement d'usines d'assemblage.
Trouvant que le prix était toujours trop élevé, les Français décidèrent le 28 avril 1938 d'attendre la fin des essais du Bloch MB.150 qui coutait à peu prés la moitié du prix du Curtiss H.75. Finalement, comme les essais du Bloch MB.150 rencontraient beaucoup de difficultés et laissaient prévoir des difficultés de mise en production, le ministère de l'Air passa commande le 17 mai 1938 de cent cellules et de cent soixante-treize moteurs Pratt & Whitney R-1830 Twin Wasp. Le contrat stipulait que le centième exemplaire devait être livré pour le 10 avril 1939
En accord avec cette commande, la version initiale dénommée Hawk 75A-1 par Curtiss fut livrée pour majorité non assemblée en France et fut remontée par la Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Centre (SNCAC) à Bourges. Le premier Hawk 75A-1 vola à Buffalo début décembre 1938 et les premiers exemplaires livrés en France le 14 décembre. Quatorze autres Hawk 75A-1 furent livrés montés pour permettre à l'armée de l'air d'effectuer des essais. Le remontage des autres exemplaires par la SNAC débuta en février 1939
En mars et avril 1939 les 4e et 5e escadres de chasse stationnées sur la base aérienne de Reims commencèrent leur conversion en remplacement de leurs Dewoitine 500 et 501 et, au premier juillet, la 4e Escadre alignait cinquante-quatre Hawk et la 5e Escadre quarante-et-un. La conversion ne s'était pas déroulée sans problèmes : un Hawk s'écrasa après un problème de surchauffe moteur et un autre lors d'essais acrobatiques avec les réservoirs d'essence totalement remplis.
le Hawk 75A-1 utilisait un moteur Pratt & Whitney R-1830-SC-G de 900 chevaux à 4 000 mètres et 950 chevaux au décollage. L'armement était constitué de 4 mitrailleuses de 7,5 mm (deux dans le nez et deux dans les ailes). Les instruments avaient été adaptés au système métrique. Le siège avait été modifié pour le Parachute Lemercier. La manette des gaz utilisait le mode "français" (direction inverse du mode anglo-saxon).
L'Armée de l'air numérota ces avions en utilisant la dénomination du constructeur suivie d'un N° d'ordre chronologique, le marquage sur le gouvernail étant donc :
- CURTISS
- H75-C1
- No. 09
(C pour Chasse et 1 pour monoplace)
H75A-2
La commande initiale de mai
1938 comportait une option pour cent appareils supplémentaires. Cette option fut convertie en commande ferme le 8 mars
1939. Ces avions différaient des A-1 par la présence de deux mitrailleuses de 7,5 millimètres supplémentaires dans les ailes, un renforcement de l'arrière du fuselage, et quelques modifications mineures pour permettre l'interchangeabilité du moteur R-1830-SC-G avec le R-1830-SC2-G plus puissant (1 050 chevaux au décollage).
Ce nouveau modèle fut désigné Hawk 75A-2 par Curtiss. Il était plus ou moins équivalent au XP-36D de l'USAAC. Les premiers A-2 furent livrés fin mai 1939 mais le premier exemplaire bénéficiant à la fois des quatre mitrailleuses d'aile et du moteur R-1830-SC2-G fut le quarante-huitième.
L'armée de l'air numérota ces avions à la suite des A-1, le premier A-2 étant numéroté 101.
H75A-3
Cent trente-cinq exemplaire du Hawk 75A-3 furent commandés par la France le 9 octobre
1939. Ceux-ci étaient équipés du moteur R-1830-S1C3G de 1 200 chevaux et des six mitrailleuses du A-2. Une soixantaine d'exemplaires fut livrée à la France avant la défaite, les autres furent détournés vers la
Grande Bretagne.
H75A-4
La dernière commande française porta sur trois cent quatre-vingt-quinze Hawk 75A-4. Disposant du même armement que les A-3, ils étaient équipés d'un moteur Wright Cyclone R-1820-G205A de 1 200 chevaux.
Seuls six exemplaires purent rejoindre la France avant la capitulation. Trente furent perdus pendant leur transport maritime. Dix-sept furent livrés en Martinique et six autres en Guadeloupe (ces appareils furent envoyés au Maroc vers 1943-1944 et utilisés pour l'entraînement des pilotes).
Le reste fut utilisé par la RAF sous la désignation Mohawk IV
Utilisation par d'autres forces aériennes
Après la défaite française, les appareils qui ne s'étaient pas échappés vers des zones non occupées ou vers l'
Angleterre furent pris en charge par la
Luftwaffe et envoyés en
Allemagne. Certains furent capturés avant même d'avoir été remontés. Assemblés par le Espenlaub Flugzeugbau, ils furent équipés d'instruments allemands et exportés vers la
Finlande qui en reçut trente-six.
Ces Hawks, ainsi que quelques exemplaires récupérés de l'armée norvégienne, participèrent à la guerre du côté de l'Axe quand la Finlande entra en guerre contre l'Union Soviétique et restèrent en service dans l'armée finlandaise jusqu'en 1948.
Appareils comparables de la même époque
Bloch MB.150 Morane-Saulnier MS.406
Dewoitine D.520 Gloster Gladiator Hawker Hurricane Supermarine Spitfire Messerschmitt BF109 Fiat CR.42 Falco Macchi M.C.200Voir aussi
- Liste des avions militaires
Bibliographie
Le Curtiss H75 au combat, hors-série n° 34 du Fana de l'aviation, mai 2007